Rudi Van Den Eynde (Dexia AM) : « Le moment est opportun pour investir dans le secteur des biotechs »
Les valorisations des sociétés biotechnologique sont particulièrement attractives alors que les acquisitions se multiplient dans le secteur explique Rudi Van Den Eynde, gérant du fonds Dexia Equity Funds Biotechnology chez Dexia AM.
Beaucoup de sociétés biotechnologiques ont été introduites en bourse ces dernières années avec plus ou moins de succès. Leurs capacités d’innovation intéressent les investisseurs mais le secteur n’est-il pas trop risqué pour un particulier ?
Rudi Van Den Eynde : Les sociétés biotechnologiques sont souvent crées par des entrepreneurs brillants autour d’une idée et d’une connaissance très pointue d’une maladie ou d’une technologie. Le processus de décision y est beaucoup rapide que dans le cas d’un grand laboratoire pharmaceutique. Il est bien entendu risqué d’investir dans une biotech. Les cours sont extrêmement volatils. En revanche, si l’on investit dans une quarantaine de valeurs biotechnologiques, on observe que le secteur est assez stable. Il faut enfin bien faire la différence entre les biotechs installées qui commercialisent déjà des produits et celles qui n’ont pas encore franchi le stade de la commercialisation, forcément plus risquées.
Pourquoi est-ce le bon moment selon vous d’investir dans le secteur ?
R.V-D-E: Les valorisations du secteur sont faibles, PER et PEG (price earning growth) atteignent des niveaux historiquement bas. Toutes les grandes pharmas estiment par ailleurs qu’elles doivent faire de la croissance externe. Il y a déjà eu un certain nombre d’opérations significatives. Les entreprises biotechnologiques constituent des candidates idéales à un rachat mais cela ne peut constituer la seule raison pour investir dans ce type de valeurs. La logique industrielle doit prévaloir, d’autant que le secteur est peu sensible à l’évolution générale de la conjoncture.
Comment repérer les pépites de demain quand on n’est pas soi-même un spécialiste des biotechs ?
R.V-D-E : Il y a de très nombreuses sociétés intéressantes mais nous nous concentrons en priorité sur les biotechs déjà bien avancées en phase II ou qui sont positionnées sur des pathologies dans lesquelles les progrès médicaux sont particulièrement visibles. C’est le cas pour l’hépatite C avec la biotech Vertex Pharmaceuticals qui développe un protéase inhibiteur (Telaprevir). Le virus de l’hépatite C a besoin de son protéase afin de se multiplier. En inhibant cet enzyme, le médicament exerce son efficacité. Le produit devrait être approuvé l’an prochain par la FDA.
Quelles sont les principales caractéristiques de votre fonds ?
R.V-D-E : Dexia Equity Funds Biotechnology compte environ une cinquantaine de valeurs, essentiellement américaines. C’est un fonds de conviction avec l’AMEX Biotech comme indice de référence. Notre première pondération, Amgen, pèse 6% du fonds actuellement. Le risque est donc bien réparti et nous investissons généralement sur une longue durée afin de suivre le processus clinique jusqu’à son terme mais nous n’hésitons pas à solder nos positions quand l’objectif de cours est atteint ou que les résultats des essais cliniques mettent en danger la valorisation.
Une valeur à acheter maintenant ?
R.V-D-E : Je citerais le laboratoire américain BioMarin qui se concentre sur des maladies génétiques très rares (MPS). La société commercialise des enzymes de remplacement en lien avec Genzyme.
Des biotechs françaises en portefeuille ?
R.V-D-E : J’étais très « bullish » sur Ipsen mais cette valeur a déçu. Je garde toutefois le titre en portefeuille car le business existant peut justifier le cours actuel malgré une faible visibilité. Leur « pipeline » en oncologie reste attractif.
Wendel est en passe de céder 46% du capital de Stallergenes à Ares Life Sciences qui offre 59 euros par action et devra lancer une OPA au même cours sur le capital restant de Stallergenes si l'opération aboutit. Est-ce une transaction opportune pour Wendel selon vous ?
R.V-D-E : Je pense que Wendel vend à un cours trop bas qui sous-valorise le potentiel de la société. Stallergenes n’est pas une biotech pure mais sa capacité d’innovation est très forte. C’est une très belle valeur.
Sanofi refuse pour le moment de modifier son offre à 69 dollars par action pour acquérir la biotech Genzyme qui réclame de son côté 89 dollars par action. Quel est le bon prix selon vous ?
R.V-D-E : Il n’est pas illégitime que les actionnaires de Genzyme jugent insuffisant le prix proposé à 69 dollars. En même temps, le montant demandé par les dirigeants de la biotech américaine me semble irréaliste dans le contexte actuel. Il me semble que Sanofi paierait cher une OPA à un cours supérieur à 80 dollars. Un prix acceptable pour les deux parties avoisinerait les 77 dollars par action.
Propos recueillis par Julien Gautier
Les valorisations des sociétés biotechnologique sont particulièrement attractives alors que les acquisitions se multiplient dans le secteur explique Rudi Van Den Eynde, gérant du fonds Dexia Equity Funds Biotechnology chez Dexia AM.
Beaucoup de sociétés biotechnologiques ont été introduites en bourse ces dernières années avec plus ou moins de succès. Leurs capacités d’innovation intéressent les investisseurs mais le secteur n’est-il pas trop risqué pour un particulier ?
Rudi Van Den Eynde : Les sociétés biotechnologiques sont souvent crées par des entrepreneurs brillants autour d’une idée et d’une connaissance très pointue d’une maladie ou d’une technologie. Le processus de décision y est beaucoup rapide que dans le cas d’un grand laboratoire pharmaceutique. Il est bien entendu risqué d’investir dans une biotech. Les cours sont extrêmement volatils. En revanche, si l’on investit dans une quarantaine de valeurs biotechnologiques, on observe que le secteur est assez stable. Il faut enfin bien faire la différence entre les biotechs installées qui commercialisent déjà des produits et celles qui n’ont pas encore franchi le stade de la commercialisation, forcément plus risquées.
Pourquoi est-ce le bon moment selon vous d’investir dans le secteur ?
R.V-D-E: Les valorisations du secteur sont faibles, PER et PEG (price earning growth) atteignent des niveaux historiquement bas. Toutes les grandes pharmas estiment par ailleurs qu’elles doivent faire de la croissance externe. Il y a déjà eu un certain nombre d’opérations significatives. Les entreprises biotechnologiques constituent des candidates idéales à un rachat mais cela ne peut constituer la seule raison pour investir dans ce type de valeurs. La logique industrielle doit prévaloir, d’autant que le secteur est peu sensible à l’évolution générale de la conjoncture.
Comment repérer les pépites de demain quand on n’est pas soi-même un spécialiste des biotechs ?
R.V-D-E : Il y a de très nombreuses sociétés intéressantes mais nous nous concentrons en priorité sur les biotechs déjà bien avancées en phase II ou qui sont positionnées sur des pathologies dans lesquelles les progrès médicaux sont particulièrement visibles. C’est le cas pour l’hépatite C avec la biotech Vertex Pharmaceuticals qui développe un protéase inhibiteur (Telaprevir). Le virus de l’hépatite C a besoin de son protéase afin de se multiplier. En inhibant cet enzyme, le médicament exerce son efficacité. Le produit devrait être approuvé l’an prochain par la FDA.
Quelles sont les principales caractéristiques de votre fonds ?
R.V-D-E : Dexia Equity Funds Biotechnology compte environ une cinquantaine de valeurs, essentiellement américaines. C’est un fonds de conviction avec l’AMEX Biotech comme indice de référence. Notre première pondération, Amgen, pèse 6% du fonds actuellement. Le risque est donc bien réparti et nous investissons généralement sur une longue durée afin de suivre le processus clinique jusqu’à son terme mais nous n’hésitons pas à solder nos positions quand l’objectif de cours est atteint ou que les résultats des essais cliniques mettent en danger la valorisation.
Une valeur à acheter maintenant ?
R.V-D-E : Je citerais le laboratoire américain BioMarin qui se concentre sur des maladies génétiques très rares (MPS). La société commercialise des enzymes de remplacement en lien avec Genzyme.
Des biotechs françaises en portefeuille ?
R.V-D-E : J’étais très « bullish » sur Ipsen mais cette valeur a déçu. Je garde toutefois le titre en portefeuille car le business existant peut justifier le cours actuel malgré une faible visibilité. Leur « pipeline » en oncologie reste attractif.
Wendel est en passe de céder 46% du capital de Stallergenes à Ares Life Sciences qui offre 59 euros par action et devra lancer une OPA au même cours sur le capital restant de Stallergenes si l'opération aboutit. Est-ce une transaction opportune pour Wendel selon vous ?
R.V-D-E : Je pense que Wendel vend à un cours trop bas qui sous-valorise le potentiel de la société. Stallergenes n’est pas une biotech pure mais sa capacité d’innovation est très forte. C’est une très belle valeur.
Sanofi refuse pour le moment de modifier son offre à 69 dollars par action pour acquérir la biotech Genzyme qui réclame de son côté 89 dollars par action. Quel est le bon prix selon vous ?
R.V-D-E : Il n’est pas illégitime que les actionnaires de Genzyme jugent insuffisant le prix proposé à 69 dollars. En même temps, le montant demandé par les dirigeants de la biotech américaine me semble irréaliste dans le contexte actuel. Il me semble que Sanofi paierait cher une OPA à un cours supérieur à 80 dollars. Un prix acceptable pour les deux parties avoisinerait les 77 dollars par action.
Propos recueillis par Julien Gautier